La Basilique Sainte Anne du Congo construite de 1949 à 1951 est édifiée parallèlement à la campagne d’édification des bâtiments publics entreprise par la France à l’issue de la deuxième guerre mondiale, sur le FIDES (Fonds d’Investissement et de Développement Economique et Social). Comme l’ensemble de ces édifices, Sainte Anne a été conçue par l’Architecte Roger Lelièvre dit ERREL.
Parmi l’ensemble des constructions d’ERREL, la Basilique apparait comme l’un de ses projets exceptionnels.
La commande en a été établie par les missionnaires de la Congrégation du Saint Esprit qui partirent d’une manière très étroite à la conception de l’édifice et construiront les témoins privilégiés du chantier.
Le programme offre également le caractère exceptionnel d’un équipement double, associant un stade vélodrome (le stade Félix EBOUE) et la Basilique Sainte Anne. Errel réussit la difficile cohérence de cet ensemble. Ce succès résulte d’une part de la rigueur et de la simplicité de la composition du plan masse. Le grand axe de l’ellipse du stade est strictement perpendiculaire à celui de la Basilique qui ferme la perspective. Cette implantation apparait comme une réponse judicieuse à la topographie du site. La Basilique est implantée sur un terre-plein contre lequel viennent s’adosser les gradins et la piste du stade vélodrome. L’unité de matériaux participe à cet équilibre général avec l’emploi pour les ouvrages de maçonnerie du gré du Djoué.
La réponse architecturale d’Errel apparait comme une tentative de synthèse du modèle basical chrétien dans sa version régionaliste bretonne et du modèle vernaculaire considéré comme représentatif de l’Afrique (la case en obus du Tchad, la cathédrale de Bambou, zone de forêt). Errel affirme ainsi la valeur culturelle du projet.
Au travers d’une écriture symbolique, l’espace intérieur rend également la dimension sacrée de « l’église des mains jointes », comparaison anthropomorphique de la structure des arcs ogifs. Sans qu’aucune filiation ne puisse être établie, le projet de la Basilique s’inscrit dans le courant moderne de réécriture de l’architecture médiévale, utilisant l’arc en brique et le voile de béton armé comme substitut au couvrement gothique. Le recours au béton armé apparait limité à la mise en œuvre des poutres étrésillons relancées d’arc en arc (poutre faîtière, passerelle de visite, voile plein cintre et puits de fondation).
La construction de la Basilique révèle plus particulièrement la maîtrise de la mise en œuvre de la brique. Les structures d’arc conçues comme des murs diaphragmes sont réalisées en maçonnerie pleine de brique. Il ne s’agit nullement d’une structure de béton armée masquée derrière un habillage en brique.
La présence d’une main d’œuvre italienne pourrait expliquer cet emploi spectaculaire de la brique, progressivement abandonnée par Errel dans ses futures opérations.